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LIVRE. « Après le pétrole. La nouvelle économie écologique »

Interview de Ludovic François, co-auteur de l’ouvrage avec Elise Rebut

Le jeudi 17 Décembre 2009 à 22:58 - Par Alix PEILLON dans Culture verte
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Credits photo : Alix Peillon

 

 

Interview. A l’heure de la Conférence de Copenhague la question de la réduction des émissions de gaz à effet de serre est plus que jamais au cœur des préoccupations. Or le grand méchant dans cette histoire, c’est le pétrole ! Et aujourd’hui, le pétrole est partout : dans nos moteurs, dans nos objets en plastique, dans notre assiette… Le défi consiste donc à réinventer toutes nos méthodes traditionnelles de production. Ludovic François, professeur affilié à HEC, et Elise Rebut, ingénieur agronome, se sont penchés sur la question et présentent dans leur livre « Après le pétrole. La nouvelle économie écologique. » de nombreuses solutions.


  • Dans votre ouvrage, vous parlez d’une « Révolution verte » qui serait aujourd’hui à l’œuvre, qu’entendez-vous par là ?

L.F. Plusieurs phénomènes sont en train de provoquer un changement radical d’une ampleur comparable à la Révolution Industrielle ! L’épuisement prochain des ressources pétrolières, le réchauffement climatique évidemment et l’intégration de ces enjeux par l’opinion publique et peu à peu par la loi forment un contexte qui rend cette révolution verte imminente. Ainsi, par révolution verte j’entends essentiellement toutes les nouvelles technologies qui se développent à partir du végétal : bio-matériaux, chimie végétale, bio-énergies. Le potentiel est énorme !

 

  • Votre domaine d’expertise concerne tout ce qui touche aux stratégies d’influence (contre-pouvoir, activisme, buzz media…), cette « Révolution verte » a-t-elle un rapport avec ce genre de phénomènes ?

 

L.F. Tout à fait ! Le propre d’une stratégie d’influence c’est de faire en sorte que la préoccupation d’un groupe minoritaire devienne un sujet porté par la majorité. Et c’est exactement ce qui s’est passé avec la notion de développement durable depuis les années 1990. Au départ ce sont quelques ONG qui ont commencé à alerter l’opinion publique, puis le discours a été appuyé par les scientifiques, quelques hommes publiques, ce qui a donné de la crédibilité à cette question et a commencé à sensibiliser pour de bon le grand public. Ce qui paraissait étonnant au départ est devenu, pour le grand public, une évidence.  Les enjeux de développement durable ont alors été intégrés dans la « soft law »  (NDLR : engagements non contraignants comme des Chartes éthiques, le Global Compact, les Principes d’Equateur pour les banques…) et le seront bientôt dans la « hard law » c'est-à-dire dans la loi, comme le montre le débat sur la taxe carbone. Ce sont les étapes classiques d’une dynamique d’influence.

 

  • Selon vous, l’issue de la Conférence de Copenhague sera-t-elle décisive pour accélérer ou freiner cette « Révolution verte » ?

L.F. Selon moi, Copenhague est un pas de plus dans ce processus d’influence mais son issue ne sera pas décisive dans cette évolution vers une économie écologique. Des investissements très importants ont déjà été injectés dans les green tech et ces investissements vont augmenter à mesure que les mentalités continuent à mûrir mais aussi par pur pragmatisme : si la crise actuelle masque les prix réels du pétrole, ceux-ci vont remonter durablement dès la fin de la crise. Il est donc de plus en plus urgent pour les industriels de trouver de nouvelles solutions.

  • Ainsi, dans le camp des défenseurs du développement durable, vous faites plutôt partie des optimistes ?

L.F. On peut dire cela comme ça. Pour ma part, j’en ai assez des discours catastrophe qui n’offrent aucune solution. Je crois dans le génie de l’Homme et dans l’innovation. L’Homme s’est toujours adapté, il trouvera donc des solutions car il a le couteau sous la gorge. C’est pourquoi dans ce livre nous cherchons surtout à présenter la multitude de solutions qui existent d’hors et déjà et d'autres qui émergent. Nous avons également été très vigilants pour qu’il soit accessible à tous et non réservé aux experts.

  • Vous pouvez me donner un exemple parmi ces solutions dont vous parlez ?

L.F. Un exemple que j’aime bien est celui de certaines espèces d’algues, qui poussent très facilement dans des régions désertiques et qui peuvent être transformées en carburant. Plusieurs usines existent déjà. C’est pour moi un potentiel énorme à la fois d’un point de vue environnemental mais également économique, pour aider les populations de ces régions à sortir de la pauvreté. Et surtout ces bio-carburants ne concurrencent en aucun cas les cultures vivrières !


  • Votre citation préférée ?

L.F. "On peut tout faire avec des baillonettes, sauf s'asseoir dessus !" Talleyrand, évêque d'Autun (début du XIXème siècle). Pour moi, cette citation illustre que la force n’est pas une solution politique mais qu’au contraire tout pouvoir passe par l’influence, par la capacité à convaincre et à remporter l’adhésion des esprits. D’où ma conviction que les contre-pouvoirs que sont les ONG peuvent être des acteurs extrêmement puissants pour faire évoluer le politique à partir du moment où ils maîtrisent les techniques d’influence.

  • Votre film préféré ?

L.F. Thank you for smoking.  Un film un peu cynique certes, mais qui illustre de façon très drôle et à peine caricaturale les techniques de communication moderne.

 

  • Votre livre préféré ?

L.F. Exercice difficile car j’apprécie de nombreux ouvrages. Je ne peux pas dire que j’ai un livre préféré. Dans mes recherches sur l’influence deux m’ont intéressé par l’approche critique qu’ils proposent : Change the world without taking power de John HOLLOWAY et No Logo de Naomi KLEIN.


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Par Alix PEILLON